L'EMBUSCADE D'EN MARTINON
Dans la soirée du 11 août 1944, les émissaires du Maquis savent qu'une colonne «importante» d'Allemands quittera AUCH le lendemain matin et se dirigera vers TOULOUSE.
Le chef AMSLER veut en découdre et la courbure d'En Martinon sera le lieu propice à l'embuscade, virage assez prononcé, traversé de la voie ferrée obligeant les véhicules à ralentir. De plus, la route à cet endroit est en déblai ; balancer quelques grenades, tirer plusieurs rafales et s'esquiver au plus vite, voilà l'action.
L'opération ne sera pas dirigée par le chef de section mais par un de ses chefs de groupe, Didier DOURS (pseudo SOURD) ; il amènera BARUTTI, BORDENAVE, LACAZE, MAGNOUAC dit « le mataf », RENAUDIN «dit Jim», BART, tous de la région de LOMBEZ-SAMATAN, engagés le 20 juillet.
Le 12 août 1944, la compagnie AMSLER du Bataillon FRANÇOT est stationnée à Bajonnette (canton de MAUVEZIN) venant de MONTBERNARD (H.G). De très bonne heure, ce groupe quitte Bajonnette (Gers) distant de 30 km, groupés dans la « CITROËN » bâchée conduite par André PUJOS « dit MÉGOT ».
Arrivés à En Martinon, le chef DOURS choisit les emplacements et dispose ses hommes sur le talus qui surplombe la route au sud. Un champ de maïs et le bois proche dissimulent suffisamment. BART tient le F.M et LACAZE, guetteur, devra tirer après le passage du dernier camion. Tout est étrangement calme et LACAZE, longtemps à son poste, est remplacé par Antoine BARUTTI vers 9h30.
Bientôt, on perçoit un ronronnement du côté d'AUCH, suivi d'un long silence puis des bruits de moteurs. BARUTTI a tiré, mais le groupe est désormais cerné, pris sous le feu des armes allemandes. Le chef DOURS ordonne le repli immédiat vers la camionnette (garée sur le V.0) via GIMONT-CAHUZAC. Malgré la fusillade, le groupe décroche mais Antoine BARUTTI manque. Poursuivis par les tireurs ennemis, ses camarades, retournés sur les lieux après l'attaque, le trouveront mortellement blessé.
Le vieil abbé DUMONT fera transporter le corps à la mairie d'AUBIET ; puis, ses copains rescapés du Maquis le transporteront à BAJONNETTE, où il sera provisoirement inhumé.
Il convient de rendre hommage à celui et à ceux qui ont sacrifié leur vie pour la Liberté, la leur, la nôtre et toutes les autres. Antoine BARUTTI faisait partie du Corps Franc Pommiès : puissions-nous ne pas oublier son nom ainsi que celui de tous ses camarades de combat qui ont participé activement à la libération de notre département et de nos régions : le Sud-Ouest s’est libéré tout seul et c’est à de jeunes héros que nous le devons ! Le Corps Franc Pommiès a perdu, dans le Gers, 43 de ses membres en quelques semaines : Antoine BARUTTI était l’un de ceux-là ; nous l’honorons et nous ne l’oublierons pas ! Merci à eux, merci à toi, Antoine BARUTTI !
Antoine BARUTTI, est né le 25 novembre 1921 en Italie, à Montegaldella (entre Padoue et Vérone). Il était domestique agricole chez M. Lassave à LAYMONT. Comme tous les Italiens de son âge, il sera appelé à l'organisation TODT dans le Pas-de-Calais au titre du STO. Dès 1943, revenu à LOMBEZ, il s'engagea au CORPS FRANC POMMIÈS. Il est mort drapé de la tenue des F.F.I sous l'uniforme kaki, le brassard tricolore au bras gauche.
Surpris par l'ennemi qui l'a encerclé, il a, en donnant l'alerte, sacrifié sa jeune vie pour sauver ses camarades de combat qui, sans lui, auraient tous été pris.